Ca fuse, ça crépite, ça pétarade sur ce troisième dDamage. A première écoute, on ne les reconnaît plus. Même si quelques sorties récentes (leurs titres sur la compilation Active Suspension Vs. Clapping Music par exemple) avaient montré des velléités et une capacité à délivrer des tubes, les frères Hanak ne nous avaient pas tout à fait habitués à cela. Leurs albums précédents, Harsh Reality Of Daily Life et Reverbreak This Beat Down, étaient plutôt du genre "disque pas facile qui se mérite". Alors que cette fois, Radio Ape accroche très vite.
Au fil des rotations sur la platine, le paysage redevient pourtant familier. Nous retrouvons peu à peu nos petits, nous sommes toujours en territoire dDamage, nous sommes bien chez ces frères, l'un de culture rap, l'autre de culture rock (pour schématiser à gros traits) qui s'ingénient à enregistrer de l'électronique sale, une musique faite de sons maltraités, de saturations et de vagues chants perdus dans un bordel sonore, plus quelques autechreries ou prefuseries de passage.
Comme toujours, il y a des réussites : le redoutable "Pressure" met, oui, la pression d'entrée, le cristallin "Aeroplanes" est joli comme tout, "Ink" efficace comme il faut. Même si le duo se noie parfois dans ses effets ("Try Again"), même s'il est parfois trop exubérant pour être honnête ("Keedz").
Radio Ape n'est pas forcément plus accompli que Harsh Reality. Mais un seuil a été franchi vers plus d'extraversion, de sex appeal et de démonstration. Difficile, à propos, de ne pas faire le lien avec la galaxie TTC, dont dDamage est devenu semble-t-il le groupe electro attitré, comme si côtoyer le trio rap français avait affranchi les Hanak des contraintes étouffantes et castratrices de l'underground touche-pipi parisien. Pour cette sortie prestigieuse chez Planet Mu, le duo, décomplexé, a livré ce qu'il a sans doute toujours souhaité faire : un satané disque d'électronique bien rock'n'roll.
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