Mine de rien, ils ont changé nos amis de Clouddead. Ils sont aussi inclassables que par le passé, mais ils se sont assagis. Au lieu du brouillard sonore et des chansons de quinze secondes qui composaient le précédent volume, Ten comporte dix titres plus clairement délimités, chacun assez unique, reconnaissable, et doté d'un son plus pro que par le passé.

CLOUDDEAD - Ten

Clouddead est moins hip-hop, aussi. Rien d'étonnant concernant Odd Nosdam, qui n'a jamais vraiment donné dans le boom bap. Rien de surprenant non plus pour Why?, qui sort d'un Oaklandazulasylum et d'un Hymie's Basement plus pop qu'autre chose. Mais Dose One aussi, chante maintenant plus qu'il ne rappe. Les flows rapides, le rap dans tous les sens et les experiences des débuts ne concernent plus que des moments mineurs ("Rifle Eyes").

Moins éclatées, les plages n'écartent pas pour autant les surprises, les imprévus, les ruptures de rythme et les effets psychédéliques qui font la marque de cLOUDDEAD. Sans prévenir, au cœur d'un titre, surgit une flûte, des harmonies vocales à la Beach Boys ou une électroniquerie insistante.

Quant aux paroles de Why? et Dose, elles sont faites comme toujours d'absurde et de divagations, même si parfois, au détour d'un passage plus immédiatement compréhensible, filtre une observation claire et pertinente ("The makers of guns will never get hungry (...) May their children always play murder weapons since stick" sur "Son Of A Gun").

En quelque sorte, Ten est l'album de Clouddead espéré, celui qui prolonge et qui domestique les petits coups de génie éparpillés sur toute la longueur du premier album. Mais ce faisant, hormis sur quelques titres charmants comme "Physics Of A Unicycle" ou comme l'impeccable single "Dead Dogs Two", irréprochables, il les rend peut-être moins intrigants, moins éclatants et moins affriolants. Là est le seul reproche à faire à ce nouvel album solide et plutôt bien fichu.

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