Son dernier album, Cosmic Cleavage, le plus facile à trouver en France, a de quoi laisser sceptique. Néanmoins, avec l'incontournable Temporary Forever sorti il y a deux ans et le réjouissant The Weather avec Radioinactive et Daedelus, ou même sur ses CD-R tout pourris, Busdriver a prouvé qu'il était en ce début de décennie le plus palpitant des rappeurs issus du ventre éternellement fécond du Project Blowed.
Les choses ont évolué très vite entre tes CD-R et ce Cosmic Cleavage trouvable à peu près partout. Comment se sont passées ces trois dernières années ?
Ca a été trépidant et intéressant. Ma vie de hippie hip-hop a pris de l'épaisseur.
Tu as senti une accélération de ta carrière depuis Temporary Forever ?
Ce disque, c'est toute ma carrière. Ce disque, c'est la seule raison pour laquelle les gens s'adressent à moi, c'est ce qui me définit. C'est la preuve qu'on peut sortir un album de hip-hop présentable avec des producteurs obscurs et sans label.
Tu as été signé sur un label anglais, Cosmic Cleavage ne sort qu'en Europe et tu as donné plusieurs concerts sur le Vieux Continent récemment. Comment ça se passe avec ton public de ce côté-ci de l'Atlantique, notamment en concert ?
Je me contenterais bien de mes concerts en Europe, je me passerais bien des States. Je ne me produis quasiment plus en Californie. Là bas, mon nom ne dit rien à personne. C'est triste à dire, mais le moindre concert dans la première ville française venue est meilleur que ceux que je donne aux States.
Comment t'es-tu retrouvé sur Big Dada ?
Daddy Kev, mon producteur, est en relation depuis des années avec le propriétaire du label. On lui a proposé et il a accepté de nous prendre.
Tu as eu l'occasion de nouer des liens avec des artistes européens pendant que tu étais ici ?
J'ai fait des morceaux avec TTC, et Para One pour son premier album, ainsi que DJ Vadim. Ce sont tous d'excellents artistes, je suis très honoré de travailler avec eux.
Les disques de gens comme toi, les Shapeshifters ou Radioinactive deviennent de plus en plus faciles à trouver. Penses-tu que la scène hip-hop West Coast Underground a un potentiel pour exploser prochainement ?
Oui. Et ce que tu me dis fait plaisir à entendre. Il est temps pour moi de m'installer à Paris et de louer un appart à Bastille.
J'ai lu chez un confrère qu'un nouveau Project Blowed était en préparation. Quelle sera ta contribution ? Qui y participera ?
Avant cette sortie, il y aura un nouvel Haiku d'Etat. Ce disque est encore loin d'être terminé, et c'est seulement après que nous nous consacrerons vraiment à cette nouvelle compilation Project Blowed. Chaque membre actif du Project Blowed y sera, il y aura de nouvelles recrues (NO Can DO, Customer Services) et des vétérans (Mikah 9, Aceyalone, Ab Rude, Pigeon John, CVE). Ce sera de haut niveau, je l'espère.
L'album de The Weather est un must-have de l'an dernier. Un autre est-il prévu avec les mêmes personnes ?
Non.
Quels sont tes prochains projets ? Apparemment un nouvel album sur Mush ?
Oui, qui sortira aussi chez Big Dada au UK et en Europe. C'était censé être prêt pour l'automne, mais c'est repoussé à janvier. Ce sera ma grande oeuvre, je pense. Par ailleurs, je monte un groupe, Lab Waste, sur mon propre label, Temporary Whatever. Le groupe comprend Subtitle et Thavius Beck, deux énergumènes prolifiques qui donnent dans un rap qui défie les genres. Notre disque pourra être joué autant par Felix the Housecat que par Funk MasterFlex.
Cosmic Cleavage est le troisième disque rap / free jazz de Daddy Kev et D-Styles avec un MC phare du rap californien underground. Il en planifie d'autres ?
En fait, le véritable second disque a été fait avec PEACE, mais je doute fortement qu'il voit un jour la lumière.
T'écoutes quoi en hip hop en ce moment, mis à part les trucs de la famille Project Blowed ?
Je ne sais pas trop te dire. Le disque de Madvillain, Thavius Beck, des vieux trucs de Saafir et de Company Flow.
Notre webzine n'est pas exclusivement dédié au hip-hop. Quels autres artistes écoutes-tu ?
Stereolab, The Rapture, Lali Puna et TV on the Radio, essentiellement.
Un message au public français.
Dîtes à vos potes d'acheter mes disques et de venir à mes concerts.
Par la même occasion, peux-tu nous rappeler l'origine de ton pseudonyme ?
C'est un vieux délire entre ados, juste une blague qui est restée.
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