Sole et Alias sont les invités les plus illustres du premier album de Bleubird, un rappeur floridien méconnu signé sur un jeune label d'Halifax. Et cette présence n'a rien d'un hasard, Sloppy Doctor sonne en effet plus anticonien que nature, avec ses beats éclatés, variés et démembrés qui forment tant bien que mal son ossature, avec aussi le rap en rafale du principal intéressé, lequel a des tas de choses à nous apprendre sur lui, l'Amérique et le train où vont les choses.

BLEUBIRD - Sloppy Doctor

Toutefois, Bleubird se différencie de ces encombrants mentors par deux caractéristiques à son avantage. D'abord, sa voix narquoise et aigre de petit blanc qui ne s'essouffle jamais le distingue amplement du flow de gros boeuf asthmatique de l'ami Sole. Ensuite, un sens prononcé de l'autodérision (jetez un oeil à ses autoportraits en Ben Laden ou en vierge Marie, écoutez-le faire rapper son chat) et un humour violemment ironique ("We The Bomb!", finale réussi où Bleubird cite chronologiquement toutes les interventions extérieures des Etats-Unis depuis 1945) lui évitent les affres du ridicule. On sourit souvent avec Sloppy Doctor, un album verbeux et épuisant, mais on sourit de contentement.

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