Je sais. C'est moche, c'est lourd de s'exprimer à la première personne. Mais je ne vois pas de meilleure solution qu'une approche biographique pour commenter ce disque. Car autant être franc : au commencement, Sweat Lodge Infinite m'horrifiait. Trop lourd, trop dense, trop plein des scratches envahissants pondus par Mixmaster Wolf (de Breakestra), de sirènes ("Pavillions Of Sound") ou d'autres couches de sons gras préparés par Longevity (producteur de Darkleaf).
J'avais pourtant beaucoup aimé B-Boys In Occupied Mexico, son style éclaté, son florilège de titres très variés, certains rappés en espagnol, d'autres pas franchement hip-hop. Beaucoup étaient parvenus à séduire le faux fan de rap que je suis. Mais là, cette fois, ça ne passait pas.
Il m'énervait ce nouveau disque, avec ses allures de monument imprenable, de forteresse dont on aurait perdu la clé. Il se défendait bien, je n'en venais pas à bout, malgré les encouragements d'un compère cent fois plus fan que moi, un compère dont les bases sont quelque part par là.
Et puis, comme il sied, j'ai tout laissé tomber. J'ai laissé reposer. Et quelques semaines après, j'ai enfilé mon armure (mes headphones, plutôt) et je suis reparti à l'assaut de Sweat Lodge Infinite.
A ce jour, je ne l'ai toujours pas conquis. Ce n'est pas encore la béatitude, ni l'extase. Ce côté boursouflé, verbeux, pâteux et filandreux, d'ailleurs fréquent chez les Shapeshifters, me pose encore problème. A mon âge, il est bon de surveiller sa ligne, de préférer le light, d'éviter les excès. Mais tout de même, malgré tout, peu à peu, ça commence sérieusement à le faire.
Sur "Obey", "No Category", "3 Or 13" (avec Aceyalone), "Copy That" (avec Busdriver et Kermit de Darkleaf) et sur l'excellent "Before The Format", le brouet laisse échapper quelques saveurs, fussent-elles fugaces et gâchées aussitôt par la chianterie d'après. Certes, ce n'est pas suffisant, mais c'est encourageant. J'ai bon espoir. Je me souviens que sur mes vingt ou trente disques préférés, une bonne moitié m'ont rebuté à la première approche. Alors, pourquoi pas ce 2Mex ?