Cet homme est le nouveau Michael Jackson. Il est le rêve américain personnifié. C'est en tous cas ce que Jimmy Greek, sûr de lui, s'époumonne à prétendre sur le tonitruant "Tea Party for Michael", puis sur "Dusty Rhodes", deux extraits d'un nouveau disque censé le mener vers une notoriété digne de Scott Baio (l'acteur sorti de Happy Days, celui-même qui figure sur la pochette).
Le rappeur de Philadelphie, simple facteur dans le civil, membre central d'un collectif nommé la Jam Faction, n'est pas encore parvenu à ce niveau ô combien ambitieux, mais il en a la ressource. Les 9 plages de 9 Steps to Scott Baio Fame le prouvent, qui concentrent sur une courte durée tout le talent déjà révélé par Greek sur The Preferred Remedy, un premier album sorti discrètement en 2002 mais qui valait déjà le détour par son sens de la formule et de l'auto-dérision.
Imaginez un MC exubérant et hystérique, une sorte de fusion entre LoDeck, Thirstin Howl III et autre chose d'indéfinissable, le tout multiplié par 10 ou 20, et vous tenez un portrait approchant. Incorrigible grande gueule, Greek donne tour à tour dans un ego-trip paroxystique puis dans un style battle exalté. Loser vengeur et remonté, il solde un amour déçu à coups de punchlines hilarantes à l'occasion d'un simulacre de conversation téléphonique ("Come to Me").
La production, assurée par Rummage comme sur l'album précédent, et marquée par l'influence évidente de Company Flow (écoutez donc "Bluggeoning Syrup"), accompagne au mieux les assauts et l'exubérance du rappeur : elle se résume au strict minimum. Une boucle seulement, surtout si elle est malmenée et si elle recourt aux attirails les plus radicaux, ici une guitare hard rock ("Tea Party for Michael"), là un synthétiseur déglingué ("Blitzkrieg"), ailleurs un beat familier des fans de Gangstarr ("Casualties"). Un rien suffit à conduire les traits projetés à toute allure par Greek sur cet album court et récréatif comme il faut.
PS : merci à Governor Fabrice pour m’avoir orienté vers cet album.