S'il restait un doute après le premier album d'Andrew Broder, Ether Teeth le lève rapidement. Fog et sa musique foutraque, c'est définitivement bien.
Ninja Tune / PIAS :: 2003 :: acheter ce disque
Sorti ces jours-ci dans une grande discrétion, Ether Teeth est le deuxième album d’Andrew Broder alias Fog. Il fait suite à un premier disque réjouissant sorti l’an dernier et rempli jusqu'à la moelle d'une musique foutraque, où l'auteur se présentait comme une sorte de Beck en plus instinctif, ou encore comme un pendant indie rock de Dose One, le rappeur déglingué qui l'a découvert et qui lui a facilité cette étonnante signature chez les Anglais de Ninja Tune.
La formule qui domine sur Ether Teeth n'est pas fondamentalement différente de celle qui a fait le charme de The Fog. Pas de doute, à écouter ce nouvel album, Broder maîtrise toujours autant l'art de chambouler et de tournebouler ses jolies ébauches de mélodies chantées ou jouées à la guitare avec toutes sortes d'incongruités stylistiques. Pour s'en rendre compte, il n'y a qu'à écouter la voix nue et la guitare dépouillée de "The Girl from the Gum Commercial" tenter de survivre à un soudain envahissement de couinements grotesques.
Mais là où The Fog captivait immédiatement l'auditeur en évoquant ici où là, d'un morceau à l'autre, les spectres déformés mais reconnaissables de célébrités comme Neil Young, Sonic Youth, Thom Yorke, Ether Teeth se montre plus sobre, et beaucoup plus calme. Les chansons de Broder sont toujours aussi malmenées, démembrées, amputées, tronquées, mais elles reviennent à l'essentiel : une simple guitare, d'autres fois un piano, un timbre de voix plus uniforme et des ovnis sonores qui se font plus discrets.
L'écran de fumée des bizarreries musicales légèrement dissipé, certains trouveront peut-être la musique de Broder indigente. Mais pour d'autres, ce dénuement relatif dévoilera la finesse que The Fog dissimulait sous ses allures de joyeux gag musical. Personnellement, fort de l'écoute du mini-hit "What a Day Day", de "The Girl From the Gum Commercial", de "WallpaperSinkorSwim" et des choeurs lointains de "I Call this Song Old Tymes Dudes", je me range sans ambages parmi ceux qui aiment : Fog, c'est définitivement bien.
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