La gloire de Mac Lethal, son grand fait d'arme, c'est cette place de numéro 2 chèrement acquise au Scribble Jam de 2001 auprès d'un jury présidé par Edo G, Esoteric et Dose One. Rien d'étonnant à ce que cette quasi victoire soit mise en valeur sur le CV de ce rappeur originaire de Kansas City, ancien de Johnny23, si l'on constate que les précédents rapeurs qui ont enflammé la fameuse compétition de freestyles ont été, entre autres, Eminem, Slug et P.E.A.C.E.
Hip Hop Infinity :: 2002 :: acheter ce disque
Un an après un EP, The Moonthinker, Mac Lethal sort donc son premier album, Men Are From Mars, Porn Stars Are From Earth via le webzine et label Hip Hop Infinity. Le parcours du rappeur le présageait, le titre l'annonçait, la pochette kitsch à souhait le laissait entendre : outre quelques passages introspectifs et sérieux ("A Cool Breeze", "My Angel Veronica", 'Midnight in Manhattan'), le disque se consacre aux fantaisies largement imprégnées de sexe sorties de la tête de l'auteur et mises en image via son impressionnante faconde.
Le phrasé fluide et agressif de Mac Lethal, assez proche de l'axe Cage / Eminem (mais en moins haut-perché et en plus ouvertement potache), n'est pourtant pas son seul talent. Le rappeur produit également l'essentiel de l'album, une dizaine de titres. Naturellement, l'accompagnement musical est nettement en retrait de son débit impressionnant. Mais Mac Lethal ne s'interdit pas quelques trouvailles, comme ce sample de Morcheeba sur la charmante instru de "A Cool Breeze", comme ces quelques secondes de répit en plein coeur de "The M.A.D.", titre le plus offensif de l'album, comme le choeur mâle sur fond d'instru bouncy de "My Mom izza Thug", comme l'intro toute ambient de "Cyborg's Revenge".
Deux titres ("My Favorite Screams" et "Club Bamboo") sont produits par Surgeon General, un comparse de Kansas City dont les beats criards collent plutôt bien aux paroles. Et deux autres encore ("Mermaid Pornography" et "Midnight in Manhattan") sont pris en charge par Blockhead qui, comme avec Aesop Rock, prouve que ses beats fonctionnels savent faire bon ménage avec un MC doué. Le seul reproche à faire à cet album, en fait, c'est quand Mac Lethal abandonne son registre enflammé et humoristique habituel pour livrer quelques réflexions gonflantes sur le 11 septembre le temps de "Midnight in Manhattan".
Men Are From Mars, Porn Stars Are From Earth confirme cependant les espoirs placés en Mac Lethal : il prouve ses talents de freestyler, sans se limiter pour autant à du verbiage et à de la parlotte. Les gens de HH Infinity n'avaient donc pas menti, quand ils avaient prétendu que cet album serait leur meilleure sortie.
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