A force de suivre les péripéties de The Best Part, de se perdre entre bootlegs et MP3s, de guetter et de confondre les annonces de sorties, officielles ou non, nous avions oublié que J-Live avait eu le temps d’enregistrer de nouveaux titres depuis son premier album culte. Ceux-ci nous sont livrés cette année sur All of the Above, un disque curieusement disponible un peu partout en France, et ce de façon parfaitement légale.
Coup d'Etat :: 2002 :: acheter ce disque
Bonne nouvelle pour ceux d’entre vous qui ne se sont jamais remis des Native Tongues : All of the Above est parfaitement dans la lignée de son prédécesseur. Imperturbable, J-Live reste prisonnier du début des 90’s et semble très satisfait de son état de rabâcheur parcheminé. Ca prêche sec chez l’ancien prof : ça respecte les femmes sur "Like this Anna" (oulala les filles faites-vous respecter), ça cause du 11 septembre sur "Satisfied?" (les pompiers morts c’est triste, mais les pauvres qui meurent de faim, hein ?), ça clame son amour du hip hop sur "MCee" (d’abord, moi je rappe pas pour devenir riche). Ca jamaïque aussi ("Satisfied?"), un peu, ça jazze jusque sur la pochette et ça funke. Bref, ça reproduit au millimètre près ce middleground de luxe tissé par J-Live et sa cohorte de beatmakers sur The Best Part.
Seulement voilà, les "Don’t Play", les "Them That’s not", les "Braggin Writes" et les "Wax Paper" se font plus rares sur All of the Above. Certes, ce nouvel album au staff resserré (seul DJ Spinna a survécu à la production, secondé par Joe Money et par J-Live lui-même) est plus homogène, plus cohérent, moins compilation que The Best Part, mais les morceaux musicalement bons s’y font rares : "Traveling Music", les délicats "Like this Anna" et "Nights Like This", en se forçant. Et c’est à peu près tout. Aucun autre titre ne se distingue, même si seul "Stir of Echoes" s'avère franchement insupportable.
Inutile d’épiloguer sans cesse sur cette débauche de bons sentiments et d’académisme hip hop cent fois critiqués par ailleurs sur ces pages. Inutile de critiquer un artiste qui, dans le genre, n’est pas forcément le plus dégueulasse. Inutile de chercher à comprendre une nouvelle fois pourquoi des rappeurs qui prônent la liberté artistique s’échinent eux-mêmes à reproduire en moins bien ce que d’autres ont fait avant eux. L’auteur de "Longevity" et de "Timeless" est sûrement convaincu que c’est cela, être intemporel.
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