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LA CAUTION - Asphalte Hurlante Ultime Edition

L’ultime édition d’Asphalte Hurlante n'obligera pas les possesseurs de la première version à l'acheter. Mais elle lui apporte un aspect achevé. Et elle témoigne avantageusement de la première partie de carrière du groupe, en attendant d'éventuelles surprises aux prochains épisodes.

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L’édition d’une version enrichie du Asphalte Hurlante de La Caution énervera évidemment tous ceux qui ont acheté le disque précédent. D’un point de vue purement événementiel, elle a cependant le mérite de coïncider avec la sortie du Ceci n’est pas un Disque de TTC et de l’Acouphène de James Delleck et de participer à la révélation au grand jour de cette nouvelle scène venue bousculer et pimenter un rap français médiocre et moribond. Pour preuve, la presse généraliste s’empresse de chroniquer en parallèle les trois albums.

Inutile de s’attarder sur des titres qui ont déjà été commentés sur ces pages et de répéter tout ce qui a été dit de bien sur ces gens depuis L'Antre de la Folie. Asphalte Hurlante Ultime Edition, c’est clair, c’est plié, c’est définitif, vaut largement le détour. Seules certaines platitudes récurrentes, perdues dans un ensemble audacieux ("on vient de la Seine St-Denis là où il règne pleins d’mythes", des rimes entre "meufs" et "keufs"...) modèrent ça et là l’enthousiasme. Pour le reste, notons que si les titres les plus exaltés de La Caution impressionnent moins avec le recul, l’ensemble de l’album a plutôt bien vieilli et s’écoute toujours avec plaisir.

Les inédits ne remettront pas en cause ce jugement. Très fidèles à la sonorité (electro) et au thème (la rue) du EP Asphalte Hurlante, ils s’insèrent bien dans l’ensemble, quasiment dans l’anonymat, sans différentiel excessif de qualité hormis sur le très pénible "De Soixante-Dix à Septante" (en compagnie de Starflam, un featuring de trop) et sur le très bon "Métropolis" (injustement qualifié d’inédit vu qu’il figurait déjà sur l’audacieuse compilation Projet Chaos). Seul un inédit, "Casquettes Grises", détonne vraiment des anciens titres avec son intro furibarde.

Plus notable est sans doute le nouvel agencement des plages. Le nouvel Asphalte Hurlante ne respecte plus la règle qui exige tacitement que les morceaux accrocheurs soient placés en début d’album, les titres hallucinés à la fin et ceux en demi-teinte au milieu. Les cartes ont été complètement balayées et redistribuées, au bénéfice notamment de ‘Aquaplanning’, le meilleur titre de La Caution avec "Les Rues Electriques", replacé à la fin et remplacé plus tôt par un remix un peu étrange (drôle d’idée de placer une instru aussi indolente sur cette histoire de soirée arrosée qui termine mal).

Dernier changement, La Caution gratifient leurs fans d’une version instrumentale de l’album. Celle-ci se laisse écouter, mais confirme en même temps que les beats ne suffisent pas toujours à assurer l’intérêt d’un titre rap. Nous nous sommes trop habitués à entendre la voix piquante de Nikkfurie et la scansion sentencieuse de Hi-Tekk sur ces instrus pour pouvoir vraiment les apprécier nature.

L’ultime édition d’Asphalte Hurlante ne contient au final que très peu d’éléments qui obligent les possesseurs de la première version à acheter cette nouvelle mouture (ou à la voler, cf. l’intro et l’outro du EP). Comme son nom l’indique, elle lui apporte cependant ce côté long, achevé, complet, définitif, témoignage avantageux sur cette première partie de carrière, en attendant d'éventuelles surprises aux prochains épisodes.

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