Deux semaines avant une série magique qui verra se succéder à Paris J-Live et 7L & Esoteric (le 21), Buck 65 (le 23), J-Zone (le 26) et Mr. Len (le 26 également), le concert de Cannibal Ox s’annonce sous les meilleurs auspices. De nombreuses personnes sont manifestement au rendez-vous et s’attardent un moment dans la Rue des Martyrs, le temps de profiter du retour du soleil sur la capitale. Ca se retrouve et ça palabre, puis tous se dirigent calmement vers le Divan du Monde.
A l’intérieur, les DJ’s se sont déjà emparés des platines, notamment Fab qui livre une sélection de choix comprenant le très approprié "Springfever" d’Elation, à la grande joie de tout ce que la salle compte de sectioners et assimilés. Excellent début de soirée. Ce qui suit n’a pourtant rien d’affriolant. En première partie, Harcèlement Textuel, groupe français assurément bien éloigné de l’univers et du niveau de Vordul et de Vast Aire, nous sert un rap bon enfant guidé tout du long par une vision fantasmée du genre. Ainsi nous rappelle-t-on que "le hip hop, c’est la street", et qu’une bonne vibe traverse la salle, avant de reprendre presque tous en cœur ce slogan on ne peut plus percutant "fuck la school !". Oui oui, vous ne rêvez pas : "fuck la school".
Suit l’Anglais Rising Son, en deuxième première partie. Le MC débarque directement du smog londonien, un grand manteau sur les épaules qu’il va tomber un peu plus tard. Il livre son petit show et reprend le mot d’ordre de la soirée, "le rap c’est la street", sans que l’on sache s’il se moque ou s’il flatte ses hôtes. Le public a l’air d’apprécier, qui se livre à un petit jeu avec le même entrain qu’il clamait "fuck la school" un peu plus tôt : et tous ceux de droite lèvent le bras, et tous ceux de gauche en font autant, et on recommence, et on saisit sa partenaire par la taille, et… Non.
DJ Fab, en verve se soir là, reprend le micro après la courte apparition de Rising Son, reproche à certains de rester les bras croisés (euh, qui se sent visé ?) et se fait un plaisir de présenter Cannibal Ox. Il revient notamment sur les débuts de Company Flow et sur l’impact du trio. Le public approuve, crie sa joie, mais le Monsieur Loyal de la soirée rappelle tout de même fort à propos que peu de gens les acclamaient de la sorte quand est sorti Funcrusher en 96. Peu importe, les gens ont l’air contents, l’ambiance (ou la vibe, au choix) est bonne et c’est en terrain conquis qu’apparaissent Vordul, Vast Aire et DJ Cip.
Exceptés un démarrage rapide, l’absence d’Aesop Rock et un Vordul beaucoup plus mobile, le show est à peu près le même qu’à Rennes quatre mois plus tôt. Cannibal Ox reprend une bonne partie de The Cold Vein (entre autres "Vein", "Iron Galaxy", "Straight to the DIC" et "Raspberry Fields") et DJ Cip se livre au même exercice turntablist qu’aux Transmusicales. Comme à Rennes, encore, le son est relativement pourri et Vast Aire casse sa voix à mi-parcours. Tout cela n’empêche pas une certaine efficacité, renforcée par la bonne humeur du public toujours prompt, que ce soit Harcèlement Textuel, Rising Son ou Can Ox qui le leur demandent, à lever les bras en l’air et à proclamer leur amour indéfectible pour ce genre rempli de bonne vibe qu’est le hip hop.
Au final, tout cela donne un agréable concert, même si l’absence de discernement du public, capable de réserver le même accueil à une caricature de rap US, à un Anglais rigolo et à des Américains bien plus conséquents, laisse quelque peu pantois.
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