Répétons-nous, radotons : l'unique règle en matière de musique, hip hop ou pas, c'est que seuls les titres vraiment personnels sont bons. Oui, personnels, ce que n'osent malheureusement pas être les artistes anglais qui se pressent sur cette nouvelle et décevante compilation Wordlab.
Wordplay / Source :: 2001 :: acheter ce disque
Il y a tout juste deux ans, notre webzine vous avait vanté le premier Wordlab. Le hip hop anglais traversait alors une nouvelle phase d'effervescence, semblait se diriger enfin vers la reconnaissance internationale et cette compilation d'artistes britanniques semblait en apporter la preuve. Quelques mois plus tard, malheureusement, le paysage a déjà changé. Successivement, les albums des Unsung Heroes (le meilleur), des Creators, des Nextmen et de Mark B. & Blade (les deux pires) ont révélé un rap anglais sans imagination. Et même ce repère du bon goût hip hop qu'est le label Big Dada a sorti un second album de Roots Manuva bien décevant. C'est l'été 2001, dans ce contexte un peu morne, qu'est sorti le deuxième volume Wordlab, représentatif lui aussi de la scène anglaise de notre époque : morne et déprimée.
La critique sera rapide : tous les morceaux de la compile sauf un sont horriblement quelconques. Certains comme le remix sautillant vaguement electro de "Don Gramma" de Karl Hinds frisent même la plaisanterie. Wordplay, et c'est tout à son honneur, a beau avoir invité de nouvelles têtes (Estelle, Extremists & Skeme, Richochet Klashnekoff...) aux côtés de vétérans (Mark B. & Blade, Black Twang, Ty et Shortee Blitz...) et de gens semi-connus (les Champions Of Nature de Lewis Parker, Scorsayzee des horribles Out da Ville présents sur The Weight), l'ensemble ne décolle franchement pas. Et ce n'est pas un remix du succès de Mark B. & Blade, "Ya Don't See The Signs", qui viendra réhausser le tout.
Le seul bon morceau est l'exercice de style qui réunit le deejay Plus One, affilié aux Scratch Perverts, et le beatboxer Killa Kela. En se faisant violence, l'auditeur indulgent peut aussi sauver trois autres titres : "I Can't Hear You", uniquement grâce à la voix chaleureuse de Ty ; le "Hands Up" de la rappeuse Estelle et son refrain chanté efficace ; et le "Dago Mentality" de Richochet Klashnekoff, un titre aux inspirations wutanguiennes et aux cuivres jamaïcains, ça les Anglais savent faire.
De fait, le hip hop anglais ne progresse que quand il s'affranchit des canons du genre. Normal. Répétons-nous, radotons : l'unique règle en matière de musique, c'est que seuls les titres vraiment personnels sont bons. A force de s'imaginer bientôt aussi grosse que le boeuf américain et malgré quelques réussites isolées, l'Angleterre, comme au début des années 90, rate pour la deuxième fois son rendez-vous avec le hip hop.
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