En 1998, année de sa sortie, le RZA lui-même considérait ce Bobby Digital in Stereo comme un intermède récréatif plutôt que comme son premier album solo. Celui-ci, intitulé The Cure, devait sortir quelques mois plus tard et contenir la quintessence d’un travail seulement amorcé sur les grands classiques du Wu. Plusieurs années plus tard, fi de ce teasing mensonger, habituel dans le monde du hip-hop : les premières épreuves de The Cure n'ont sans doute jamais été enregistrées et un deuxième volet des aventures du héros digital (Digital Bullets) a entre-temps largement eu l'occasion de voir le jour.
Gee Street / V2 :: 1998 :: :: acheter ce disque
Ne jamais croire un rappeur : contrairement à ce que Robert Diggs a bien voulu prétendre, Bobby Digital était bel et bien son véritable album solo. Et même si le film abracadabrant dans le style blaxploitation dont ce disque est censé être la BO, même si cette histoire de super-héros transformiste "digitaliseur" de méchants et ce tintamarre de beats voyants n'inspirent pas forcément le sérieux, leurs excès, leur outrance et leur caractère foisonnant correspondent d'assez près à ce que l'on était en droit d'attendre d'un artiste fantasque, foutraque et ludique comme RZA.
Fort de la particpation des deux tiers des MC’s du Clan, parlant à loisir d'abeilles tueuses ou d’ice-cream, empli à ras-bord de cordes, de synthés et de boucles déséquilibrées, regorgeant de petites bombes ("NYC Everything", "Mantis", "Bobby Dit It", "My Lovin’ is Digi", "Domestic Violence"), et bien évidemment produit intégralement par le RZA lui-même, Bobby Digital réunit finalement toutes les caractéristiques des grands classiques du Wu-Tang. Seules l'inconstance des morceaux et les prouesses limitées de l'auteur au emceing l'empêchent finalement in extremis d'en atteindre tout à fait le niveau.
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