Ivy League / Infinite Cycle :: 2000 :: acheter ce disque
MCK2 et Shorty Raw sont issus du groupe géorgien Infinite Circle, responsables en 99 d'un premier album très prometteur, Euphoria. Sorti un an après, The Art of Reflective Evolution confirme les bonnes impressions du début. Comme le suggère le titre et comme l'affirme la phrase "I make it a conscious effort to make conscious records" citée notamment sur les deux mixes irréprochables de "Natural Tendency", MCK2 et Shorty Raw donnent dans le rap conscient. Mais un rap conscient dépouillé des clichés, du ton faussement humble et des leçons professorales qui le caractérisent aujourd'hui. Même jugement pour les beats, un jazz rap très personnel qui ne se pose sûrement pas la question de son positionnement par rapport à Tribe ou à Primo.
Evidemment, hors de question de chercher le moindre hit sur The Art of Reflective Evolution. Aucune trace ou presque de curiosité musicale ou lyricale non plus, sur ces titres dont la production et le emceeing sont assurés en grande majorité par les deux auteurs de l'album. L'ensemble des textes oscille entre observations sociales, introspection et leçons de vie délivrées sur un mode optimiste ("Live and Love Life"). Seul le piano démembré de "Reflective Evolution", l'un des quelques posse cuts d'Infinite Circle présents sur cet album, fait preuve d'une velléité expérimentale, et y réussit même pas trop mal.
Mais c'est tout. Le reste est fait tout d'un bloc de titres exempts de gros reproches, bons pour la plupart, hormis quelques productions qui tournent en rond ("Perfecting the Art", "Live and Love Life") vers le milieu, le ventre mou de l'album. La première série de titres (qui comprend le brillant "What About the Music?" et les tout aussi réussis "Total Corruption", "The Mirror Inside" et "Natural Tendency" en compagnie de 8:35 de Forgotten Dialect) est même tout bonnement impeccable. Les basses, chaleureuses, ne cessent de soutenir les paroles. Et les samples, discrets, tirent profit de tous les genres et de toutes les possibilités offerts par le jazz.
Malgré cette constance, quelques titres sortent du lot. A ce petit jeu, les nommés sont le remix de "Natural Tendency", le titre bonus en compagnie de Sankofa, et le subtil "New Century Thought" en compagnie de Jock d'Infinite Circle. Tous trois viennent donner un peu plus d'évidence et d'efficacité à l'ensemble. Cela ne suffira sans doute pas à faire sortir The Art of Reflective Evolution du petit cercle hip hop indé. Dommage, car peut-être se rangera-t-il au nombre de ces albums à prime abord discrets et presque insignifiants qu'on se surprend à réécouter 10 ou 20 ans plus tard.
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