Un an après A Jeep Jack Affair, la bonne surprise hip hop venue l'an dernier de Boston, sort enfin le premier album d'un MC de Record Company Records. Bon, à dire vrai, le Yukonn était moins marquant sur la compile que l’impressionnant Microft Holmes, et son album, Attack of the Grizzly ne suscite sans doute pas les mêmes attentes. Mais le MC n’est pas bègue pour autant. Et avec Jeep Jack à la production, tous les espoirs sont permis, d’autant plus que The Yukonn a choisi un format court qui augure d’un choix de titres très sélectif. Un choix consolidé par un ingénieux fil rouge : la recherche par le MC d’une définition du hip hop.

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Passée une courte plage introductive, l’album commence par "The Past", un titre tout en nonchalance, fort d’un refrain colle-aux-basques d’une candeur agréable : "I come from the past, the good old days. Puis curieusement, la production de Jeep Jack change du tout au tout sur les trois titres suivants. "Perpatration", "Ruthless" et "Touché" suivent la même recette : une musique squelettique toute en percussion qui laisse le flow de Yukonn un peu trop seul. Le dernier titre en devient même lassant, d’autant plus qu’il se prolonge pour laisser place à K-No Supreme. Attack of the Grizzly commence à décevoir, quand survient un chouette sixième track, passé un nouvel épisode de la quête de The Yukonn (rien à faire, personne ne connaît la définition du hip hop).

"Sweet Baby" commence par comme un titre de trip hop. Mais tout à coup, passées une ou deux dizaines de secondes, tout se déchaîne, malgré les pleurs de The Yukonn ("oh baaabyy where have you beeeeen" chiale-t-il littéralement) pour laisser place sur un temps trop court à un véritable petit hit. La qualité de A Jeep Jack Affair est de retour et ne quitte plus l’album. "The Underrated River" prolonge le même tempo avec le même bonheur, parcouru des ruptures et des détails que Jeep Jack semble apprécier. Et l’album poursuit sa route. De fait, seul "Break it in Two" est en retrait sur les deux derniers tiers de l’album. Tout le reste est irréprochable. Le remix de "The Frame Shatterer" est un titre old school où Microft vient fort opportunément cracher son flow. Et l’album s’achève brusquement par l’excellent "Top Shelf".

Trop brusquement. Attack of the Grizzly, c’est comme un tambourin aux fraises ou une charlotte au chocolat dont seule une part infime aurait été distribuée. Le met nous laisse d’autant plus sur notre faim qu’il est délicieux. Finalement, l’album était trop court. Au terme de celui-ci, le Yukonn n'a toujours pas trouvé la définition du hip hop, mais ça ne l'a pas empêché d'en faire. Et du bon.