Ce qui suit est la critique la plus inutile de l’histoire de ce site. Elle ne présente aucun intérêt pour les habitués de notre webzine, lesquels connaissent déjà les artistes Big Dada sur le bout des doigts. Elle n’est pas non plus cruciale pour les autres, car nos lecteurs occasionnels feront mieux d’examiner nos différentes chroniques déjà consacrées à ces gens pour se renseigner sur la teneur de ce Sound 01.
Big Dada :: 2001 :: acheter ce disque
Car pour les étourdis qui n’auraient pas encore remarqué, nus suivons la sous-division rap de Ninja Tune depuis ses débuts. Parce que c’est le meilleur label hip hop d’Angleterre. Parce que c’est l’un des quatre ou cinq meilleurs labels indépendants du monde. Et parce que même si toutes ses sorties ne sont pas des chefs d’œuvre, toutes sont au moins bonnes.
Cela posé, jetons tout de même une oreille sur cette compilation où une majorité de titres connus côtoient quelques inédits. C’est vite, très vite jugé : tous les morceaux ici présents sont bons, voire très bons, voire excellents. Et pourtant ce disque a un problème. Comme la plupart des compilations, il n’a évidemment pas la cohérence d’un album bien foutu. C’est même pire que ça : tout ces morceaux mis sauvagement bout à bout sont trop singuliers, trop distincts pour s’articuler ensemble, pour ressembler à autre chose qu’à un énorme patchwork.
Un groupe comme TTC, par exemple, est lui-même assez schizophrène pour livrer deux morceaux aussi dissemblables que le cartoonesque "Leguman" et le sombre "Subway". De fait, une compile qui additionnerait de la country façon Nashville, le classique synthétique de Rondo Veneziano, du two-step, les compositions hallucinées d’Alan Vega, Partenaire Particulier, la rock’n'roll attitude de Dick Rivers, de la gogo et je ne sais quoi d’autre ne serait finalement pas trop différent. Qualité à part. Sound 01, c’est la tour de Babel, le multivers de Moorcock, une auberge espagnole. Mais attention, une auberge excessivement select.
Alors un conseil : si vous voulez apprécier Sound 01 dans toute sa splendeur, utilisez pour la première fois l'inutile touche "random" de votre lecteur CD (comment ça, vous n’achetez que des vinyles ?). Et dégustez ce qui vous arrive en pleine face. Est-ce le rap psychédélique de cLOUDDEAD ? Très bien, déclamez alors quelques vers abstraits à voix haute en vous prenant pour le nouveau Shelley. Ou alors, l’excellent "Break the Lock" ? Appréciez donc la voix grave et suave de Ty, le regard posé sur un paysage printanier. Ah non, c’est l'"Arcade Terra" de New Flesh finalement. Découvrez alors ce qu'est le dancehall futuriste. Et puis les Infesticons ? Vous avez de la chance, l’heure est venue d’affronter les vilains rappeurs jiggy transformé en super-héros sur Gun Hill Road.
Plus éclectique encore, Sound 01 n’est pas comparable à Black Whole Style, la première compilation Big Dada sortie en 1998. Car cette fois, tous les gens présents sont à peu près connus. Il reste cependant fortement conseillé aux hiphopers autistes qui auraient passé les 3 dernières années sur Mars, ou à écouter du rap français (ce qui revient au même, les beaux paysages rouges en moins). D’autant plus que le prix est imbattable. Qu’ils s’amusent donc à découvrir les nuances des univers Big Dada, de loin, façon Guide Michelin (et hop, big up à notre sponsor). Et après, qu’ils achètent tous les albums, merde. Tous, sans exception.
Cette critique est franchement la plus inutile de l’histoire de ce site. C’était juste histoire d’enfoncer le clou sur Big Dada. Une fois encore.