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ILLOGIC - Unforeseen Shadows

Aujourd'hui, une partie du circuit rap indé considère déjà Unforeseen Shadows comme un classique. Ce statut ne se légitime pas par les beats de Blueprint. Mais les lyrics d'Illogic, eux, valent cette considération.

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La grosse rumeur autour d'Unforeseen Shadows a beau dater de ces derniers mois, l'album, sorti en 1999, est déjà ancien. Il a fallu quelques vers de Slug pour attirer l'attention sur son auteur, un MC originaire de l'Ohio nommé Illogic et qui fut autrefois membre d'Opium Prodigy au côté de Copywrite et de Camu Tao. Aujourd'hui qu'un deuxième LP est annoncé comme imminent, le premier réapparaît au grand jour, considéré par toute une partie du circuit indépendant comme un classique. Un statut qui ne se légitime pas forcément par la production relativement commune assurée par Blueprint (de Greenhouse Effect), mais plutôt par les lyrics d'Illogic lui-même.

La place centrale qu'Unforeseen Shadows attribue à l'art du emceeing est claire dès les premières plages. En effet, Illogic commence par donner une leçon de genre sur "What it Takes", édictant une à une les règles à respecter pour être un bon MC. Même veine sur "Me vs Myself" qui, comme son featuring ("I") l'indique, est un battle entre Illogic et… lui-même. Par la suite, cependant, le rappeur change de ton et se livre à la poésie introspective en vogue chez tout une partie des labels rap indé.

Pour mieux placer Illogic au cœur de son album, la place des invités est réduite à la portion congrue. Blueprint s'essaie à quelques vers, la rappeuse Lioness se cantonne à quelques chœurs (rap, pas r'n b, rassurons-nous), et les autres, BlackSmif et le voisin Dose One rappent sur un instrumental tout en orgue et qui revient à tout au long d'Unforeseen Shadows, comme pour en assurer la cohérence.

Côté production, il faut bien avouer que Blueprint est moins bon producteur qu'Illogic est bon MC. Ses morceaux, souvent bâtis sur quelques notes de piano, sont toutefois satisfaisants. Et il parvient parfois à quitter son registre discret pour livrer de véritables gemmes.

La plus flagrante d'entre toutes, et par la même occasion le meilleur titre de l'album, est incontestablement "Hate in a Puddle". Illogic, dans un élan de romantisme naïf, un brin pédant, mais néanmoins charmant, s'y demande pourquoi il se déteste tant alors qu'il aperçoit son propre reflet dans une flaque d'eau. Tandis que Blueprint lui offre la composition mélancolique de circonstance.

Cultivant apparemment une prédilection pour d'amples compositions cinématographiques, le producteur se montre aussi enflammé (un peu trop peut-être) sur "Check it Out", "Tale of a Griot", ou plus touchant avec le piano d'"Angel", une occasion pour Illogic d'évoquer la première rencontre avec sa belle.

Les rappeurs indépendants ont le terme "classique" facile, et il n'est pas absolument certain qu'Unforeseen Shadows entre dans la catégorie. Sans forcément assurer sur tous les tableaux, notamment sur la production, l'album mérite toutefois plus qu'un large détour. Et surtout, il met l'eau à la bouche quant aux prochaines productions d'Illogic, un second album intitulé Celestial Clockwork (en compagnie de Blueprint, toujours, mais aussi de Vast Air, de Slug, de Aesop Rock et de Greenhouse Effect) et plus encore la participation à un supergroupe appelé The Orphanage et composé de Slug, d'Aesop Rock, d'Eyedea et de Blueprint.

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