Loud :: 2000 :: acheter ce disque
Les singles sortis les mois précédant sa sortie avaient clairement annoncé que le quatrième album de M.O.P., attendu depuis près d’un an, risquait de frapper très fort. Et tout particulièrement la tuerie intégrale "Ante Up". DJ Premier, qui produit une grande partie de ce bien nommé Warriorz, allait-il être à l’aise pour offrir aux voix tonitruantes et au délire thug de Li'l Fame et de Billy Danzenie l’écrin de circonstance ? Pas tout à fait, malheureusement. Le dieu des producteurs confirme sur l’album qu’il est devenu bien inconstant, malgré quelques autres perles, émaillées à droite et à gauche, et malgré des M.O.P. irréprochables au emceeing.
Rendons donc grâce à Li'l Fame et Billy Danzenie plus que jamais parfaits dans le genre rappeurs offensifs et inflexibles, et plus que jamais fidèles au nom belliqueux de l’album. Dès l’intro, la rhétorique martiale des deux MC’s s’affiche : "It's official, we're warriors baby". Et pour que les choses soient claires, surgit le lourd et insistant "Welcome", qui met d’emblée en place tous les éléments de circonstance : beat insistant bâti sur une seule et unique note, gimmick à peine plus étoffé, bruits d’explosion, cris, voix rauque au bord de la rupture, choeurs postillonnants. La formule ne variera à aucun moment de Warriorz. Tout juste M.O.P., Premier et les autres producteurs ajouteront-ils quelques cuillerées de soul, voire quelques louches, par-ci, par-là, et dès "Everyday", le titre suivant, histoire d’alléger le tout. Cette alternance de salé-sucré prend même place au sein d’un même titre, "Face Off", à un moment.
Evidemment, comme tout disque monolithique, Warriorz fatigue. A force de déclamations, les voix épuisent, exténuent. L’auditeur s’en prend plein les oreilles et finit l’écoute proprement lessivé. Et les productions de Primo ne facilitent malheureusement pas toujours la digestion. L’album est encombré de titres ennuyeux, fidèles aux ouvrages austères du producteur, mais en roue libre. "G Building", particulièrement, et "Warriorz" dans une moindre mesure, sont de ceux-là. Le jazz qui anime "Nig-gociate", les énormes cuivres de "Power" ("paouaaaaaaaah !!!") et l’excellente trompette de "Follow Instructions" s’efforcent bien d’insuffler davantage de vie et d'appuyer le flow redoutable des deux MC’s. Mais ces morceaux sont soit trop longs, soit manquent singulièrement de magie.
Passons donc directement aux réussites. Elles existent, et lesquelles ! Il y a "Ante Up", évidemment, dévastateur, apocalyptique, toujours aussi bon malgré des dizaines d’écoutes. Dans un genre DJ Premier reconnaissable entre mille, il y a "On the Front Line". A noter aussi, le synthétiseur de "Background Niggas", réussite up-tempo. Mais surtout, Warriorz livre deux petites merveilles cousines, toutes deux construites autour d’un sample rapide et enlevé : un "Cold as Ice" capable de rendre sexy un sample des affreux rockers FM de Foreigner, et, plus soul, plus lent et plus réussi, le magnifique "Calm Down", la perle de l’album.
Solide et présentable, fort de titres attachants qui, selon la formule archi consacrée, justifient à eux seuls l’achat de l’album, Warriorz ne comble donc pas toutes les espérances soulevées par "Ante up". Pour l’essentiel, DJ Premier se contente des formules qu’il a déjà maintes fois éprouvées, dans la plus triste monotonie, même si les raps furieux de Li'l Fame et de Billy Danzenie lui apportent un complément assez inédit. Ca n’est pas non plus l’album parfait attendu de M.O.P. Qu’importe. Ils restent nos thugs préférés. Le jour lointain où une compilation leur sera consacrée, c’est clair, le bonheur sera à notre porte. Ante up !
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