Superegular :: 2000
Rappeur discret de l’entourage des Jedi Mind Tricks, Louis Logic a progressivement creusé son sillon, à force de singles et de collaborations variées, jusqu’au single "Loud Mouth", petite sensation underground du premier semestre 2000. Music to Drink by, premier album sorti dans la foulée, sous-titré "A Collection of Loosies and Exclusives", regroupe ses 45t passés ainsi que deux inédits. Sans ambition démesurée, ni innovation flagrante, le MC y fait preuve d’une jolie constance et d’un ton personnel, malheureusement desservis par une faible médiatisation.
D’emblée, Louis Logic assène le single "Loud Mouth", son morceau de bravoure, ego-trip outrancier bâti autour d’un piano charmant, éclipsé par un saxo au moment du refrain, et remplacé en fin de course par un délire de beatboxing. A plusieurs reprises, le rappeur renouvelle la formule, usant et abusant d’un petit piano peinard, comme sur le plaisant "Service the Target" avec Grand Agent, ou sur le remix de "Punchline". Une autre constante, peu originale mais utilisée ingénieusement, est la présence d’une guitare acoustique aux accents parfois hispanisants, sur "Secret Agents" notamment, et, de façon plus convaincante, sur le rap à la cool de "Factotum", où Louis s’exprime sur son rapport à la bière.
Louis Logic propose aussi quelques collaborations. Mais ce ne sont pas là les titres les plus réussis de Music to Drink by, comme si l’espace alloué à d’autres MC’s restreignait les possibilités musicales. C’est flagrant sur "General Principal", avec J-Treds, où les deux comparses s’épanchent sur une composition incisive et funky, mais un brin lassante. Même constat pour la boucle paresseuse de "Planet Rock", où figure L-Fudge. La collaboration qui détonne est finalement celle des Jedi Mind Tricks eux-mêmes (et de L-Fudge, encore) sur "Trinity" et ses instruments tout droit sortis de la cour de Louis XIV. Grandiose et impressionnant, ce titre est aussi un extrait du second album des JMT, prévu pour l’automne 2000 et au sujet duquel se murmure déjà tout et son contraire.
D’autres très bon moments sont à tirer de l’album. Le paisible et plaisant "Who the Fuck are You" et ses scratches erratiques, par exemple, ou le drôle et entraînant "Logistics". Sans être révolutionnaire un seul instant, Music to Drink by est de ces oeuvres qui méritent un peu de considération. Et à observer les progrès accomplis par Louis Logic, d’un single à l’autre, il vaut mieux garder ce gaillard à l’œil.
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