Ne cherchez pas. J-88 n’est rien d’autre que le groupe Slum Village, également auteur avec le fameux Fantastic Volume II d’un album culte de ces derniers mois. Le changement de nom s’explique tout simplement par des raisons de contrat : il permettait au trio de Detroit de sortir chez une autre maison de disque, Groove Attack en l’occurrence, des chutes de studio préparées pour l’album déjà évoqué, mais refusées par leur label, Good Vibes Recordings. Best Kept Secret se présente donc comme un album court d’une intro, de six morceaux, et de trois remixes.
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La raison pour laquelle ces morceaux ont été refusés par le label de Slum Village est compréhensible. Contrairement à certains titres de Fantastic, aucun n’est ici assez percutant pour tirer les ventes de l’album. Par la même occasion, heureusement, aucun n’est franchement faible. Bien plus discret que son prédécesseur, Best Kept Secret est aussi plus constant et homogène. S’y retrouve de façon très linéaire la recette de prédilection du producteur Jay-Dee : un rap lent, soyeux, cousu tout entier d’imperceptibles emprunts aux musiques noires les plus lascives. S’y retrouvent aussi les paroles pas si "conscientes" que l’on pourrait croire, "The Look of Love" ayant par exemple quelques relents malsains de misogynie.
Pourtant, ce titre est bon, musicalement parlant : une guitare acoustique et ses accompagnements rythmiques dépouillés, métronomiques et inhabituels suffisent à Jay-Dee pour habiller ce morceau, et pour faire passer les paroles désastreuses au second plan. Une formule similaire, identique même, s’applique au reste de l’album, avec quelques variantes. Une voix soul bienvenue accompagne "Get it Together", "Stupid Lies" est un brin (mais un brin seulement, tout est relatif) plus punchy que ses prédecesseurs, "The Things you Do" plus ouaté, la deuxième partie de "The Look of Love" se trouve dotée quant à elle d’un accent rare groove.
Puis suivent les titres remixés. Toujours constants, évidemment fidèles au restant de l’album, et qui se terminent à point nommé par la version la plus entraînante de "Get it Together". Et malgré l’effet de répétition et les rythmes indolents, aucun signe d’ennui. Tout au plus, parfois, une étrange impression de voir défiler des papiers peints. Jay Dee ne se repose donc pas sur ses lauriers. Pour des chutes de studio, le résultat est plutôt au-dessus de la normale. Enfin tout ça, à condition d’aimer Slum Village. Ce qui n’est tout de même pas gagné...
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