La carrière de Neil Young commence véritablement avec l'un des premiers grands groupes du rock américain, le Buffalo Springfield. Jusqu'ici, l'immigré (illégal) canadien n'avait participé qu'à des aventures musicales sans avenir, mais le groupe formé avec son ami Stephen Stills devient bientôt l'un des plus prestigieux du rock californien. L'aventure, même si elle met Young sous la lumière des projecteurs, est de courte durée : ses prises de bec avec Stills provoquent le split du groupe. Le Canadien entame donc une carrière solo. Mais après un premier album, il s'adjoint un groupe alors nommé the Rockets, qu'il rebaptisera Crazy Horse. Cette formation lui permet d'enregistrer l'orageux Everybody Knows this is Nowhere, son premier véritable classique, en 1969. D'autres suivront.
L'année d'après, c'est la veine folk rock de Neil Young qui reprend le dessus avec After the Gold Rust, l'un de ses tout meilleurs albums. Dès lors, jusqu'aux 90's, les disques du Canadien ne cesseront d'évoluer entre ces deux extrêmes, guitares furibardes et acoustique mélancolique. Mais pour l'heure, il rejoint Stills au sein du supergroupe folk Crosby, Stills & Nash, le temps de l'album Déjà Vu, et de quelques concerts et festivals dont celui de Woodstock, où il refuse d'être filmé. De premiers signes d'indocilité, qui ne l'empêchent pas de devenir plus célèbre que jamais. Young connait en effet une première apothéose avec Harvest, album plaisant de country rock "middle of the road", sorti en 1972.
Toutefois, Neil Young ne se contente pas des hommages convenus que lui rendent des hippies en voie de normalisation. La mort par overdose de Danny Whitten du Crazy Horse en 72, celle d'un roadie un an plus tard, sont l'occasion d'un virage dans sa carrière musicale : ses disques désormais plus sombres, lui valent l'hostilité de la critique. Cette période aboutit toutefois à de nouveaux classiques, dont Tonight's the Night et le hard rock Zuma, en 1975, en compagnie du Crazy Horse. La suite est plus erratique, jusqu'à ce que la génération punk découvre en ce vieil hippy en rupture de ban avec ses congénères l'un de ses parrains, notamment les Sex Pistols qui le reprennent à la télévision.
Le loner renvoie l'ascenceur aux jeunes punks sur un nouveau classique, Rust Never Sleeps, en 1979, et lors de la tournée du même nom où il caricature et tourne en ridicule tous les clichés du rock. Au cours des années 80, encouragé par la reconnaissance de la nouvelle génération, Young cherche à se renouveler : gros rock sur Re-ac-tor, électronique et vocoder sur Trans, rockabilly sur Everybody's Rockin'. Toujours intéressant mais jamais renversant, ses nouveaux albums sont des semi-échecs. Mais entretemps, émerge une troisième génération, celle du rock alternatif américain, qui se réclame elle aussi du loner et signe un tribute album en 1989, The Bridge. Dès lors, le Canadien est remis en selle, et n'hésite plus à dénoncer un star system qu'il n'a jamais complètement rejoint.
Freedom, l'album de cette critique est, ô paradoxe, un succès complet. Tout au long des années 90, Neil Young se retrouve au devant de la scène, assumant notamment le titre de "grand-père du grunge". Il signe alors une série de bons albums, qui rappellent à chaque fois son immense influence sur la musique de l'époque : Ragged Glory et son rock incandescent ; l'assourdissant live Weld/Arc ; le paisible Harvest Moon ; un Unpplugged ; un Sleeps with Angels en hommage à son fan suicidé, Kurt Cobain ; Mirror Ball, enregistré avec les rustres de Pearl Jam, leur insupportable chanteur heureusement en retrait ; un disque instrumental pour le Dead Man de Jim Jarmusch. Après 1996, et un Broken Arrow en demi-teinte, Young redevient plus discret. Mais qu'importe. Il alors est l'un des rares vétérans du classic rock à encore susciter le respect, toutes générations confondues.
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