Avec Trans-Europe Express, The Man Machine est souvent considéré comme le sommet de la carrière de Kraftwerk. C'est en tous cas leur oeuvre la plus accessible, portée par deux grands singles : un "We Are the Robots" sautillant et envahi de vocoder, en phase avec le concept général de l'album (l'automotisation) ; et surtout, un splendide "The Model" sur le thème de la mode, une autre obsession de Kraftwerk.
Capitol :: 1978 :: acheter ce disque
Mais The Man Machine ne se résume pas à ces deux titres, loin, très loin de là. Tout d'abord, il reprend à son compte les meilleures formules de Trans-Europe Express, son illustre prédecesseur : même pose froide et austère sur la pochette, et bien sûr, même parti pris purement électronique. The Man Machine reprend aussi de longs morceaux minimalistes, dont la rythmique implaccable, la froideur romantique et les lentes variations annoncent la techno la plus bleue : ainsi en est-il de l'ultra minimal et proto-electro "The Man Machine", où une voix passée au vocoder ne cesse de répéter le mot "machine" sur fond de gimmick répétitif, ou de "Metropolis", plus dynamique et plus enlevé que d'habitude, presque dansant, où l'on reconnait les prémices de la cold wave. Seul parmi les morceaux longs, "Neon Light", chanté et apaisé, rappelle une pop plus traditionnel.
Mais plus encore que ces morceaux, on retiendra de The Man Machine la merveille "Spacelab", reprenant comme "Trans-Europe Express" un air vaguement oriental pour habiller une longue texture toute en rythmiques sourdes et en ambiance. Avec "The Model", l'une des plus grandes réussites de l'album, et au-delà, de toute l'oeuvre de Kraftwerk. Et on s'en souviendra sans cesse dans les 20 années à venir, où l'art du sample cherchera à reproduire des effets comparables, où des gens aussi divers mais aussi fondamentaux que New Order, Big Black, Afrika Bambaataa, les Fearless Four et Juan Atkins sampleront, reprendront, s'inspireront ou se réclameront des maîtres de Düsseldorf. Que l'on évoque l'après-punk, la cold wave, les néo-romantiques, la synthpop, l'électro, l'indus, le hip-hop, la house, Detroit ou l'intelligent techno, tout ramènera à Kraftwerk.
Fil des commentaires
Adresse de rétrolien : https://www.fakeforreal.net/index.php/trackback/1172