DREXTHEJOINT – The One Who Did

DREXTHEJOINT – The One Who Did

Tout commence avec un tube. L’an dernier, « Bounce Out » place sur la carte un homme de dix-huit ans que l’on n’avait encore jamais entendu rapper. Si l’on surveille de près la scène sud-californienne, la seule chose qui permet alors de situer Elvis Josue Camacho Calleja, alias Drexthejoint, c’est qu’il est le petit frère d’un autre rappeur, El Moreno Mexicano. Chez lui, toutefois, il devient plus visible que ce dernier. Et en 2025, aux premiers jours de janvier, il sort un album qui s’avère loin d’être négligeable.

The One Who Did est produit par Cypress Moreno, un homme qu’on a vu travailler avec la Shoreline Mafia et Drakeo the Ruler. Et donc, logiquement, Drexthejoint est dans la lignée de celui qui a défini le son angelino contemporain, auquel il ajoute parfois un petit air venu du Michigan, quand certains sons se parent de décharges électriques, quand la rudesse remplace la décontraction californienne.

Sur The One Who Did, Drex parle tout d’abord de sexe, offrant de nouvelles variations aux thèmes inépuisables des grosses fesses et de la fellation. Ses textes sont faits de propos pince-sans-rire sur ses partenaires, des filles qu’il préfère faciles et délurées. Drex déclame ces paroles seuls, ou à l’occasion de dialogues menés à toute allure (« Bad Bitches », « The Macs », « On Fleek »), et une fois même de façon bilingue, quand El Moreno Mexicano vient donner la répartie à son frangin (puisque ces hommes, en plus d’être noirs, sont d’origine mexicaine comme l’indique le nom du second).

Sur le piano entêtant de « Bounce Out », l’habitant de Santa Ana, dans le Comté d’Orange, semblait parler de sa vie de quartier. Mais sur album, il se montre plus léger. Les ultimes plages nous dévoilent néanmoins l’arrière-plan social où le rappeur se débat. « Section » nous raconte l’école de la rue et « Speak Factz » les tragédies du ghetto. Sur « Why », avec des chantonnements inspirés par 03 Greedo (il le cite explicitement), Drex expose le spleen lié à sa condition. Et l’album prend fin sur cette même note triste, avec le piano de cet « I’m Him » où il se lamente d’avoir grandi sans père.

Tour à tour drôle et grave, très représentatif du son californien de l’après Drakeo et 03 Greedo, formé de quinze plages si concises qu’on oublie et qu’on pardonne les plus feignantes, The One Who Did est un bon album de rap, l’un des premiers à vous recommander en ce début d’année 2025.

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The Notorious S.Y.L.V.

The Notorious S.Y.L.V., a.k.a. Codotusylv, écrit sur le rap et tout un tas d'autres choses depuis la fin des années 90. Il fut le fondateur des sites culte Nu Skool et Hip-Hop Section, et un membre historique du webzine POPnews. Il a écrit quatre livres sur le rap (dont deux réédités en version enrichie), chez Le Mot et le Reste.

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