ALLEY BOY & DJ DRAMA – Purgatory

ALLEY BOY & DJ DRAMA – Purgatory

Si un jour, on s’interroge sur ce qu’a été le grand moment de la carrière d’Alley Boy, il se pourrait bien que la réponse soit 2011. Celle-ci est en tout cas l’année de son ascension, après sa première apparition dans l’ombre de Gucci Mane, sur Chicken Talk 2, et juste avant des projets mieux exposés, comme ce The Gift Of Discernment qui, pour quelques gens ici en France, sera celui de la révélation.

En 2011, en effet, le rappeur d’Atlanta sort deux grandes mixtapes : le second volet de son Definition Of F#ck Sh*t, déjà abordé sur ces pages, et puis, plus tôt dans l’année, de nombreux mois après qu’il ait été annoncé, le projet Purgatory: The Story Of Judas, sous le patronage de DJ Drama.

Le titre se rapporte à la Bible, il sent à plein nez la rengaine sur le pécheur en quête de rédemption. Et pour cause : le purgatoire, à savoir ce ghetto où le bon côtoie le pire, cette jungle urbaine où l’on peut se perdre tout autant que s’en évader, Alley Boy y a séjourné pour de bon. Il a eu un long passé de dealer avant de percer dans le rap. Et sa mère, crackomane, est morte de son addiction.

Alors que certains cherchent à mettre en scène des histoires glauques de drogue et de rue, Alley Boy, lui, les a vécues pour de vrai. Ce n’est pas du chiqué. D’où, pour acompagner ses contes de rue et cet exposé des luttes, des frustrations et des aspirations quotidiennes du petit criminel, une puissance viscérale, plus prononcée encore que chez tout autre rappeur trap music (et soulignée par tant de bruits de détonations et de cri barbares qu’on est proche de la cacophonie). D’où cette urgence qui fait la différence. D’où cet allant qui distingue Alley Boy de la multitude des rappeurs qui, à Atlanta, cherchent à percer dans ce style désormais ultra balisé. C’est tout cela, qui fait la force de ses hymnes.

Cela, ainsi qu’une certaine dose de mélodies pour souligner ses états d’âmes de thug, qu’Alley Boy distille à travers les refrains chantés (par lui-même ou par d’autres) de « Lowdown », « Spray », « Damn Right », « I Wish », « Trust Issues », « True Story », « Everyday Routine », « Lift The Load », de « I Don’t Wanna », avec Gucci Mane, ou via la petite musique qui sublime l’excellent « Payback », avec son compère Trouble.

Cela, et ce qu’il faut de variations, comme ce « Gangsta Hustla » au xylophone, ce « Pocket Full Of Money » à la mode Blaxploitation, cet « Alright » au refrain R&B, ce « Friendship Ends » funky, ou bien ce « Double Up » aux allures new-yorkaises, dans les sons comme dans la prestation du rappeur invité. Ce ne sont pas toujours là les meilleurs titres de Purgatory, mais ils offrent le répit nécessaire pour que personne ne soit écœuré par cette formule, si fortement et si intensément trap music.

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The Notorious S.Y.L.V.

The Notorious S.Y.L.V., a.k.a. Codotusylv, écrit sur le rap et tout un tas d'autres choses depuis la fin des années 90. Il fut le fondateur des sites culte Nu Skool et Hip-Hop Section, et un membre historique du webzine POPnews. Il a écrit quatre livres sur le rap (dont deux réédités en version enrichie), chez Le Mot et le Reste.

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