BOSSMAN DLOW – Mr Beat The Road

Actif depuis 2019, Devante McCreary a changé de dimension il y a deux ans, quand il a été recruté par Alamo Records, la filiale de Sony où ont résidé les pointures 03 Greedo, Rod Wave et Lil Durk. Depuis cette signature, le rappeur connu sous le nom de BossMan Dlow est sorti de son pré-carré floridien. Il a réédité sa mixtape Too Slippery sous le nom de 2 Slippery, sorti le tube « Get In With Me », collaboré avec plusieurs notoriétés, notamment les rappeuses du moment Sexyy Red, GloRilla et Ice Spice (citons aussi Ciara, dans une tout autre catégorie), et son projet Mr Beat The Road a été vanté par quelques prescripteurs de marque du rap américain, notamment Alphonse Pierre.
Parmi ses influences, Big Za (son autre pseudonyme) cite Jeezy, et cela s’entend. Le Floridien renoue avec la trap music d’avant, celle qui vante la réussite par le trafic de drogue, sans rien de l’ambigüité et de la vulnérabilité qui sont venus après. Mr Beat The Road, ce n’est que fanfaronnades à propos de marques de luxe achetées sans compter, de bijoux qui scintillent (« Talk My Shit »), d’un argent addictif (« Muscle Up ») et de filles qui, au fond, ne comptent pas vraiment (« Money Over Bitches »). La posture est celle d’un dealer patenté qui n’a peur de rien (« Piss Me Off »), celle d’un « Dopeman » revendiqué, celle d’un « racleur de casserole » (« Mr Pot Scraper », l’autre tube de l’album).
La musique, cependant, est bien celle d’aujourd’hui. Lente, noire, parfois angoissante, elle est plus moderne. Bossman Dlow a écouté le rap du Michigan (il collabore avec Babyface Ray sur Dlow Curry, son dernier projet et premier album officiel), et il aime ses sons secs, ses cloches, ses synthés stressants, ses décharges électriques et ses pianos obsédants, des ingrédients qu’on retrouve à diverses proportions sur tous les morceaux, jusqu’au duo coquin avec Sexyy Red, « Come Here ».
« Trap ain’t dead », dit Bossman Dlow sur « Muscle Up ». Il a raison, elle n’est pas morte, la trap. Elle a juste fait un détour par Detroit pour proliférer une fois encore, sous une forme actualisée, sur les terres fertiles des plus grands m’as-tu-vus du rap, ceux de Floride.