BIGXTHAPLUG – AMAR
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Le parcours de Xavier Landum n’a rien d’inhabituel pour un rappeur. Ce garçon tente d’abord une carrière dans le football américain, mais son université, qui n’apprécie pas de le surprendre dans la fumée de marijuana, se décide à le renvoyer. Suit un moment de délinquance et de galère qui le conduit en prison. Vexé d’être incarcéré pour l’anniversaire de son fils, il décide alors de se lancer sérieusement dans une honnête carrière de rappeur, et cela lui réussit. Après quelques titres remarqués, on voit BigXthaPlug côtoyer Bun B, Shaquille O’Neal, Erykah Badu, puis rejoindre en 2021 UnitedMasters, le label du businessman du rap Steve Stoute.
Cette histoire, c’est la routine ou presque. Elle n’est pas unique. Ce que l’on retient avant tout avec BigX (« big » parce qu’il est costaud, « X » parce que ce serait l’initiale de son nom, et « tha plug » parce qu’il nous pourvoit en bon son), son grand signe distinctif, c’est qu’il est texan. L’un de ses singles s’appelle « Texas », et il exalte tous les clichés du lieu en question. Comme on peut le voir dans la vidéo, les banjos, les chevaux et les chapeaux de cowboys sont de sortie, ainsi que le purple drank. Et diverses idoles issues du cru sont citées, telles que Pimp C, Trae, Z-Ro, Devin the Dude, Beyoncé, de même que Sauce Walka, lequel contribue à « I Know », un autre de ses morceaux.
« Don’t mess with Texas », BigXthaPlug nous dit-il, comme Lil’ Keke avant lui. Lui, toutefois, ne provient pas de la ville habituelle. Non, il est basé dans l’autre, Dallas, qu’il arrime à la légende du rap de Houston sur « Texas » et sur d’autres titres, en adjoignant aux noms glorieux de l’autre métropole ceux de la sienne, sportifs, ou musiciens comme Erkyah Badu.
Amar est le titre de son premier album. Il est aussi le second prénom de ce fils qui l’a incité à changer le cours de sa vie. D’entrée, dès la guitare bravache « Switched Up », cette sortie se dévoile comme un immense égo-trip. Elle n’est qu’une longue célébration de la réussite supposée de BigX, parsemée de menaces et d’histoires d’armes à feu, Texas oblige.
L’album arpente les chemins balisés de son Etat et d’ailleurs. Il se veut biographique, il célèbre les origines du rappeur, mais il est impersonnel. Avec ses passages obligés comme les moments posés « Bacc To Tha Basics » et « Safehouse » à mi-parcours, le morceau pour strip club « Thick », avec les rappeuses Tay Money et Erica Banks, et « Bad Bitches », un titre pour les filles où le rappeur confie sa passion pour Latto et Megan Thee Stallion, Amar a toutes les caractéristiques d’un album de major.
Mais c’en est un tout à fait correct, délivré par un rappeur qui rappe vraiment, sans pause ni silence, avec une envie de revanche dans chaque mot, une production solide et quelques bijoux, comme « Primetime » avec son saxophone, « Levels » avec les vocalises samplées du groupe soul 21st Century, et in fine l’introspectif « Dream », où les rigueurs d’un passé difficile ne sont pas tout à fait oubliées. BigXthaPlug, au bout du compte, a très bien réussi sa reconversion dans le rap. Il a coché ici plusieurs bonnes cases.