RAMIREZ – From Tha Guttah To Tha Grave
Ramirez poursuit la bonne série lancée en 2020 avec son album Tha Playa$ Manual et poursuivie en 2022 avec The Tragedy Of A Clown. Annoncée près d’un an plus tôt déjà, sa première sortie de 2024, From Tha Guttah To Tha Grave, est présentée comme une mixtape, et pourtant elle n’a rien d’accessoire. Produite entre autres par Rocci et par Mickey the Magician, beatmaker phare de toute la clique ($uicide Boy$, Pouya, etc.) à laquelle est associée le rappeur de San Francisco, elle regroupe les singles qu’il a sortis au cours des douze mois précédents.
Avec cette sorte de suite à « Tales From The Guttah », un titre de Tha Playa$ Manual samplé ici, Ramirez demeure fidèle au style de toute la bande. Il s’agit ici d’une énième itération du rap de Memphis, dont on reconnaît les phrasés saccadées, les samples de voix débités en morceaux et répétés ad nauseam, la violence patentée, les relents horrorcore et l’atmosphère mortuaire, comme sur ce cas d’école qu’est « Sleepin With The Fishes ». Le rappeur le dit plutôt clairement sur le passable « Warfare » : il est le fils de Three 6 Mafia et l’acolyte des $uicide Boy$.
C’est un rap hardcore et outré que l’on entend sur « Amphisbaena » ou sur « Goodfellas », mais il y a parfois aussi une influence indie rock, à la XXXTentacion, comme avec la complainte amoureuse façon dream pop de « Rehabilitation », un joli morceau triste aussi évanescent que du Beach House, qu’il décline en deux versions. Et pour rendre la formule plus unique, pour rappeler la singularité de Ramirez, tout cela est mélangé à l’indolence suave de l’éternel rap californien, comme sur le tranquille « Beige Butter », auquel Le$ apporte une petite touche de rider texan.
Car ce n’est pas qu’à Memphis que Ramirez s’abreuve d’une eau poisseuse et noire. Il le fait aussi sur ses propres terres, la West Coast, à en juger par les accents Cypress Hill de « Stick Up ». Il appartient à une école bien définie, mais il a sa patte. Cette sortie routinière mais plaisante le rappelle.
