ASTRONAUTALIS – This Is Our Science
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Astronautalis a beau être un personnage important de la scène underground, tendance folk rap, on peine à lui trouver un album irréprochable. Le tout premier, You And Yer Good Ideas, avait été riche de promesses, il contenait des temps forts comme l’admirable « Ocean Walk », mais il sonnait encore jeune et amateur. Le second, Mighty Ocean And Nine Dark Theaters était tout à l’opposé, il bénéficiait d’une production soignée, mais il en était parfois presque trop propre, trop pensé, trop joli. Et le suivant, Pomegranate, a été une demie déception.
Sorti en 2011 chez Fake Four, This Is Our Science est, toutefois, à deux doigts de l’équilibre parfait.
Côté paroles, rien de changé chez le rappeur originaire de Floride. C’est toujours un rap éprouvé au contact des battles, mais placé dans un autre contexte, celui du pop rock. Comme autrefois, Astronautalis rappe en susurrant ou en criant, son phrasé joue avec les rythmes, puis il passe au chant sans accroc. Il renoue aussi avec sa passion pour les flots, même si cette fois, il préfère s’imaginer en capitaine de bateau (sur un « The River, The Woods » aux airs de chant de marin) plutôt que méditer sur la puissance de l’océan. Et il opte pour l’introspection, une fois encore, nous parlant d’un amour simple et passager (« Secrets On Our Lips »), ou philosophant sur la quête de l’éternité (« Midday Moon ») et sur son statut de musicien (« Lift The Curse »).
Cependant, ce disque-là est plus équilibré que jamais. Par le choix des invités, tout d’abord, qui représentent à égalité les deux registres, l’indie rock avec la voix délicieuse de Tegan Quinn (« Contrails »), et le rap avec Sims de Doomtree, issu de ce Midwest où Astronautalis est désormais installé. Il a aussi réparti équitablement crescendos poignants (les trois premiers titres, tous excellents) et belles ballades (un « Measure The Globe » accompagné d’un piano et d’une jolie guitare acoustique, un « Midday Moon » très électronique, « Lift The Curse »), et il a pimenté le tout d’une chanson accrocheuse, « Contrails », et d’une autre plage singulière, ce « Holy Water » où il se mue en prêcheur, allant jusqu’à évoquer Nick Cave dans ses moments les plus possédés.
Tout est si bien pensé, pesé et agencé sur le bien nommé This Is Our Science, qu’Andy Bothwell semble avoir enfin sorti sa grande œuvre, son projet le plus accompli. Sans cette légère perte de régime que son disque subit sur la fin, il aurait commis l’album indie rock / rap idéal.