CRIMINAL MANNE – Playtime’s Over
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Criminal Manne est toujours actif. Outre la kyrielle de sorties qu’il continue de délivrer chaque année, on a pu l’entendre, encore récemment, côtoyer Boosie Badazz aussi bien que Young Dolph ou Project Pat, et délivrer des albums collaboratifs avec Don Trip et OJ Da Juiceman. Mais le temps est loin où, après le single « Buck & Naked », son trio Project Playaz attirait l’attention de Rap-A-Lot. L’époque est révolue où Vanda Watkins (son vrai nom) poursuivait une carrière sous des auspices favorables, en solo, en collaboration avec Pastor Troy ou sur mixtape avec DJ Drama.
Cette époque, c’est le début de la décennie 2000, quand le monde met enfin le nez dans l’incroyable scène rap de Memphis. Et plus particulièrement 2002, l’année où Criminal Manne sort son premier solo, Playtime’s Over. Preuve de sa centralité sur la scène de Memphis, on y retrouve alors plusieurs pointures confirmées ou en devenir de l’endroit, comme Eightball & MJG, Yo Gotti, Gangsta Blac et Kingpin Skinny Pimp. Et l’album est produit par l’un des grands artisans du son local, DJ Squeeky, le complice de toujours de Criminal Manne.
Dès cette intro où le rappeur entonne a cappella les premières notes de la Cinquième de Beethoven, on se doute qu’il ne va pas faire dans la finesse. Sur Playtime’s Over, l’ancien « Branleur des HLM » s’accorde peu de limites en matière d’agression, de menace, de jeux à qui sera le plus gangsta ou à qui déchirera le mieux le club (« My Folks », « Come On »), d’apologie de la weed (« Let’s Smoke ») ou de dévouement sans faille à l’exigeant métier de délinquant (« Got To Get It »). Et il a en réserve une dose carabinée de libido et de mots fleuris à l’endroit de la gent féminine (« I Need A Bitch », « Mothafuck You Hoes », « You Ain’t Got To Ask »). Cette même gent féminine, au passage, n’est pas la dernière à rapper en furie, sur le posse cut final et multi-sexes « 47 Mobb ».
Fini de s’amuser, donc. Mais on prend tout de même du bon temps, sur cet album. Samples et mots répétés ad nauseam, synthés parfois tout en nappes, parfois tourbillonnants, souvent retentissants, humour pince-sans-rire… C’est l’attirail habituel, mais déployé de façon tout spécialement efficace sur ce « Motha Fuck You Hoes » dont on vous laisse deviner le thème, sur le trompétant « Not A Game », sur l’égo-trip « Look At Me », sur l’ode fraternelle tonitruante « My Nigga » (avec Thugsta et Yo Lynch, ses deux compères de Project Playaz), ou sur « Stomp », avec cette fois Yo Gotti, Mista Ian et Kingpin Skinny Pimp. Tous contribuent à rappeler que Criminal Manne a compté, à Memphis et dans le Sud.