Souvent quand une mixtape fait le buzz, comme ce fut le cas en 2013 avec la chouette Law 2 de Shy Glizzy, c'est que d'autres sorties avaient préparé le terrain. Dans le cas du jeune rappeur de Washington, en plus du rôle non négligeable joué par son beef avec Fat Trel, ce fut le premier volet de la série Law, sorti pendant l'été 2012, qui orienta les projecteurs vers lui, suivi d'un Fxck Rap meilleur encore, qu'il proposa en décembre de la même année, le jour de ses 20 ans.

SHY GLIZZY - Fxck Rap

Pour toute personne soucieuse de découvrir le jeune homme, Marquis Amonte King de son véritable nom, cette sortie pourrait bien être la meilleure entrée en matière. Elle commence en tout cas par un vrai titre introductif, un "Tru Story" où, sur un piano tranquille, Shy Glizzy nous raconte sa courte existence, émaillée par plusieurs renvois d'école, et où il implore Dieu de ne plus jamais créer un individu aussi piteux que lui. D'emblée, le personnage est posé : ce rappeur est un dilettante bizarre, qui manie autant l'auto-apitoiement que la forfanterie, qui ne rechigne pas à chantonner, comme le veut la tendance de l'époque, et dont la personnalité se montre en phase avec l'apparence physique, celle d'un garçon malingre et frêle, au visage qui paraîtrait presque adolescent, s'il n'était pas encadré par de remarquables rouflaquettes.

Plus tard, outre d'autres passages biographiques où il nous parle de son environnement et de son caractère perturbés ("Sad to Say"), Shy Glizzy baise le rap, déclarant sa fidélité à son arme et à la drogue plutôt qu'à la musique ("Fxck Rap"). Comme tant d'autres avant lui, il nous expose un mode de vie fait de bitches et de fric ("Swish", "N Lov", et un "Money Problems" présent aussi sur Law 2), il partage sa passion pour les fringues ("Pilot", avec une autre sensation 2012, Trinidad James) et il affirme même que son modèle est Jay-Z ("Hova"), mais avec un humour pince-sans-rire et une voix de dessin animé, qui fondent son originalité.

Ses morceaux les plus saillants, toutefois, le rappeur les garde pour la fin. Il s'agit d'un "Too Far" très soul et mélodique, entonné avec Wale, le rappeur le plus éminent de Washington, que Shy Glizzy surpasse pourtant en charisme et en bizarrerie. Il y a aussi "Deal With Ya", un morceau plus enlevé et plus agressif, accompagné d'un autre local de l'étape, Black Cobain. Et surtout "I Wish", une liste de vœux pieux égrenée d'un ton affecté sur des notes larmoyantes issues de la BO de Creepshow (et déjà usitées du côté de Three 6 Mafia et de Juicy J). Ce dernier titre est tellement forcé, qu'il en est génial. Comme tout ce que fait Shy Glizzy, en général.

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